Après-match: une page se tourne, le livre reste ouvert.
C'est une déception, une petite humiliation, un parcours insuffisant qui ne reflète pas la largesse de nos talents. La Belgique est sortie par la petite porte d'un Euro 2016 qu'elle a traversée sans trop briller. Retour sur cette défaite douloureuse.
Bale n'a même pas joué...
Le match commence pourtant de manière idyllique pour nos joueurs, lesquels se créent rapidement un grand nombre d'occasions, histoire de montrer encore à quel point notre réalisme peut parfois faire défaut.
Et puis il y a ce but stratosphérique de Radja Nainggolan, la Belgique est lancée, elle a fait le plus dur en brisant le mur Gallois par une frappe immense venue de nulle part. Mais les Belges reculent, comme angoissés par l'éventualité d'une égalisation et d'une sortie sans gloire.
La réponse est cinglante, avec ce coup de tête de Williams, le capitaine d'en face. Tout est à refaire et les Diables ne sont pas prêts à remettre du cœur à l'ouvrage. Ils ont bien essayé quelques percées, quelques attaques intéressantes, mais n'ont jamais semblé en mesure de reprendre le contrôle du match.
2-1, 3-1, au final, ça ne change rien. C'est une faillite à laquelle nous avons assisté hier soir, et nous devons l'accepter. Ou plutôt nous devons nous améliorer, tout le groupe doit bénéficier une remise en question généralisée. Parce qu'une défaite est toujours douloureuse, mais qu'un abandon en quart de finale d'un tournoi majeur est une énorme déception.
Notons quand même le peu de visibilité d'un Gareth Bale qui avait tout compris. Sans se montrer à outrance, le joueur de Madrid a prouvé que les Gallois l'ont emporté par un jeu collectif primant sur l'ensemble de ses individualités. La Belgique ne peut que s'en inspirer, d'autant que cette rencontre rappelle une douloureuse soirée datant du 13 juin dernier.
Alors comment progresser?
Tout le monde aura son avis là-dessus, nous sommes onze millions de sélectionneurs potentiels sans CV pour en attester. La Belgique possède, c'est vrai, une marge de manœuvre inestimable, mais le temps d'attente commence à devenir un peu long.
Il manque encore quelques petites choses pour faire de cette Belgique une équipe de classe mondiale. Le classement Fifa n'est qu'un trompe l’œil, il ne faudra jamais s'y fier. La plus grande faiblesse que l'on se doit de pointer réside dans un manque de force mentale.
Lorsque la Belgique est dos au mur, dans une situation telle qu'une rencontre à élimination directe, le moindre coup dur se transforme en fatalité irréversible. Les Diables n'ont jamais semblé croire en leurs chances dés lors que Kanu avait placé les Gallois aux commandes du match. Nous ne pouvons pas nous le permettre si nous voulons réellement nous imposer un jour dans un tournoi majeur.
La seconde lacune flagrante, c'est la défense. Oui, les absences cumulées étaient hallucinantes, la Belgique a eu de la malchance à ce niveau, mais une faillite pareille ne peut être tolérée. Je ne viendrai pas incendier nos jeunes joueurs, la situation n'était absolument pas idéale pour une entrée dans cet Euro, mais il va falloir faire quelque chose pour que les automatismes se créent entre tous. Et surtout, trouver un quatuor permanent. La tâche n'est pas aisée mais elle est connue depuis longtemps...
Et pour conclure, le manque criant de réalisme offensif. Certains citeront Lukaku, je ne le ferai pas, Romelu a le mérite de se donner à fond malgré la pluie de critiques (si pas d'attaques personnelles) qui s'abattent en permanence sur lui. Il faut trouver un moyen de tuer une rencontre sans avoir à se créer 25 occasions. Mais pour être très honnête avec vous, je ne sais absolument pas comment une telle tâche peut s'opérer, si ce n'est par un travail immense sur les automatismes offensifs.
Et puis il y a cette tactique. Je ne remets pas en doute les capacités de meneur de Marc Wilmots, celui qui doute de ça n'est qu'une personne de mauvaise foi. Mais sur les deux challenges tactiques qui nous ont été proposé, l'échec est indéniable. Départ ou non, le sélectionneur devra probablement accepter de se remettre en question pour réussir une mise à jour tactique dont l'équipe aura bien besoin.
Ne pas tout oublier
Nous ne devons toutefois pas tomber dans le scepticisme morbide. La Belgique possède un vivier de grande qualité qui se doit d'être encore mieux exploité, c'est un fait, mais cet Euro 2016 nous aura offert un lot de belles surprises.
Commençons d'abord par le rôle d'Eden Hazard. Le capitaine ne s'est jamais caché et s'est montré à la hauteur de son rôle de capitaine d'une équipe nationale qu'il connaît par cœur. Nous ne sommes pas dans les coulisses de cette équipe, il est donc difficile de juger ses qualités de meneur dans le vestiaire, mais sur le terrain et face à la presse, Eden a pris sur lui pour représenter la Belgique. C'est une belle leçon d'humilité.
Thomas Meunier sera, sans nul doute, la révélation Belge de ce tournoi. Un peu moins en vue contre le Pays de Galles, le joueur Brugeois s'est montré à la hauteur des attentes. Nous tenons peut-être enfin un arrière droit de qualité, comme nous l'attendions depuis si longtemps, capable de défendre et d'apporter de la présence devant. Il reste certaines lacunes à combler, mais la machine est en route.
Radja Nainggolan et Axel Witsel ont également fait taire les critiques. Notre duo axial s'est montré impérial durant l'ensemble de la compétition, même si il fut dépassé numériquement hier soir. Nous tenons là deux très grands joueurs qui devront encore parfaire certains détails, notamment sur l'apport de la ligne arrière, mais qui peuvent porter un secteur crucial au jeu de la Belgique.
La Belgique ne s'est pas offerte le tournoi de ses rêves, mais tout n'est pas à jeter. Il faut profiter de cette expérience pour bâtir une fondation collective solide capable d'accueillir le château de talent dont le pays entier se permet de rêver. Et nous en avons encore largement les moyens.
Et maintenant?
Nos joueurs vont s'offrir quelques jours de vacances. L'ensemble du public va se retrouver scotcher aux journaux dans l'attente des nouvelles du futur du sélectionneur.
Nos joueurs vont s'offrir quelques jours de vacances. L'ensemble du public va se retrouver scotcher aux journaux dans l'attente des nouvelles du futur du sélectionneur.
La campagne de qualification en vue de la Coupe du Monde en Russie sera lancée en septembre, et gageons que le support massif sera toujours présent. Parce que nos Diables auront encore une fois besoin d'un public fidèle pour les pousser vers ce tournoi, prochaine étape d'une progression qu'il est temps d'accélérer.
Il faut également espérer une série de transferts intelligents, et pas uniquement vers l'Angleterre. Parce qu'une multitude d'origine footballistique enrichit la palette tactique et technique d'un groupe. C'est une richesse dont on ne profite pas assez actuellement. Certains joueurs devront passer un cap pour poursuivre leur progression et la mettre au service de l'équipe nationale.
La Belgique est éliminée. L'espoir d'une finale s'éteint mais les plombs n'ont pas sauté. Il va falloir travailler, avancer, progresser, mais surtout ne pas se diviser au risque de voir le projet Belge s'effondrer. Les yeux seront à présent rivés vers Wimbledon pour soutenir David Goffin ou sur les Jeux Olympiques pour observer attentivement la délégation nationale. La passion reviendra dés septembre en ce qui concerne nos Diables Rouges. Et puis au fond, depuis les événements tragiques vécus en mars, quelle collectivité peut se targuer d'avoir tant rassemblé nos citoyens? Le sport passe parfois au second plan quand l'humain surpasse l'emballement du résultat. Et c'est très bien comme ça.
Alexandre Braeckman
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