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Quand le vin blanc prend un goût de Tea

    "Sera-t-il la clé?"


Les jeunes pousses anglaises semblent arriver en France avec moins de pression sur les épaules que leurs illustres prédécesseurs. Les Three Lions vont donc avoir à cœur de déjouer tous les pronostics. Vous y croyez? Pour vous aider à argumenter lors de vos prochains barbecues voici les pour et les contre.


"Mais cette année c'est la bonne, tu vas voir ils ont les meilleurs joueurs du monde!" dit-il durant les années 2000, adossé au comptoir d'un pub de Liverpool."On a inventé le football, on sera à jamais les favoris" dit-il durant tout le siècle dernier. Il est évident que l'enthousiasme du supporter anglais n'a d'égal que sa naïveté. Ils sont la risée du football international depuis cinquante ans et leur dernière (seule) victoire dans une grande compétition, sur leur sol, en 1966; ils ont atteint le dernier carré d'un grand tournoi pour la dernière fois en 1996, il y a vingt ans, et encore une fois ils se trouvaient dans le Royaume de sa Majesté. En 2016, ils vont tenter de balayer ces tristes records de disette pour une nation d'une telle envergure, et de les mettre fissa sous le paillasson. 


Le poids de l'histoire
Il est un fait avéré que la chance, parfois plus que n'importe quel autre facteur, peut faire basculer la destinée d'un être humain, d'un pays, et surtout d'une sélection nationale. Malheureusement la Perfide Albion a rarement été gratifiée de faveurs venant de Madame fu****g chance. Il y a eu cette latte malheureuse de Lampard contre l'Allemagne en 2008, il y a eu cette "douleur aux intestins" du mythique gardien Gordon Banks en 1970, à quelques minutes d'un quart de finales contre l'Allemagne de l'Ouest, obligeant le coach à aligner un gardien de seconde zone (poste beaucoup moins pourvu de talents à l'époque qu'aujourd'hui) encaissant des buts évitables. Depuis 1990 et le Mondial italien, en dix tournois disputés, ils ont été éliminés six fois aux tirs aux buts. Mais réduire les maux de la sélection britannique au cours de ce siècle qui a vu exploser ce sport qu'elle a fait naître à l'unique cruauté de la malchance serait incongru.


Le fossé social comme point de rupture

Durant des années dans l'univers du football Outre-Manche ainsi que dans sa vie quotidienne, et ce encore aujourd'hui , la haine de la classe ouvrière envers la middle class ou les posh people n'a cessé d'exister. Ce rejet sur base de préjugés a joué de mauvais tours à la caste footballistique britannique. Au Royaume-Uni encore plus qu'ailleurs, et davantage quand on en vient à côtoyer le milieu du ballon rond, les gens ayant étudié sont craints et au delà de ça, sont raillés. Il y a un vrai problème quand les adolescents arrivent à l'âge où tout se décide pour leur carrière sportive, et généralement les jeunes de la classe moyenne s'orientent plus vers des sports comme le rugby ou le cricket, plutôt que d'aller se faire voler son Iphone ou se faire insulter parce que son livre dépasse de son sac, en allant faire un test dans une équipe de football remplie de gamins malveillants. Cela ne posait pas de problème à l'époque, puisqu'il y a encore 30 ans plus de deux tiers de la population appartenaient à la classe ouvrière. Aujourd'hui, la donne a changé étant donné que plus de deux tiers de la population suivent un cursus d'études au moins jusqu'à leur majorité. Néanmoins, cette culture anti-intellectuelle a perduré dans le foot, longtemps les mots "coaching" ou "tactics" ont été synonymes de honte. En effet il n'y avait qu'une seule manière de jouer à ce sport, et c'était à l'anglaise, à base de kick and rush, de boulettes de gardiens et de duels sanglants. Cet enclin au rejet social a réduit drastiquement le cercle de potentialité pour trouver la perle rare. Cela est particulièrement dommage quant au lien que le mental et la capacité de compréhension (non que quelqu'un n'ayant pas fait d'études ne puisse pas posséder ces qualités, mais un cerveau formé par la réflexion intellectuelle peut être un énorme plus dans une équipe) peuvent avoir avec le football et ses nouveaux génies du jeu, venus de quelques encablures au sud. Les centres de formation anglais devraient penser à élargir leurs horizons, et les enfants à mieux vivre ensemble, à prendre du plaisir dans ce qui les rapproche, l'amour du beautiful game, et non pas à se quereller en fonction de ce que leurs parents gagnent.


Un Brexit inversé au niveau du football
La position insulaire de la Grande-Bretagne lui a fait accuser un retard considérable en matière d'inventions. Par le passé, du fait de cette exclusion (partielle, car les idées transitaient, quasi essentiellement du sud de la Grande-Bretagne, mais de manière moins fluide tant la traversée de la Manche était un obstacle plus grand qu'aujourd'hui) des réseaux géographique et communicationnel naturels que constituaient les différents pays d'Europe de l'Ouest , les Anglais ont compensé en enfantant eux aussi quelques figures illustres comme Isaac Newton ou Francis Bacon et en allant planter leur célèbre Union Jack un peu partout dans le monde. En 1939, l'ère isolationniste de l'Angleterre prend forme avec la fermeture des frontières en raison de la guerre. Après la folie meurtrière, le football fleurit et les entraîneurs et joueurs anglais sont désirés dans toute l'Europe. La hype et la connexion au réseau du noyau dur européen (Allemagne, Italie, Espagne, France, Pays-Bas) prend irrémédiablement fin en 1985 lorsque les clubs anglais sont interdits de toute compétition européenne durant cinq longues années suite au drame du Heyzel (dizaines de morts suite à l'affrontement entre les hooligans de Liverpool et les tifosi de la Juventus). Leur réseau est anéanti et les Anglais, tant entraîneurs que joueurs, sont discrédités. Une migration du savoir et du savoir-faire a émigré de l'Angleterre vers la partie continentale de notre belle Europe, et ce processus s'est enclenché en 1958 quand fut signé le traité de Rome, mettant en place l'Union Européenne, institution visant à l'unification et la transformation en "grand pays" des différentes nations européennes. Pendant que les Anglais se vantaient d'être les meilleurs, les Italiens, les Hollandais et plus tard les Espagnols mettront au point des systèmes de jeu comprenant que le football n'est pas que "vingt-deux joueurs qui courent derrière un ballon". De Sacchi à Cruijff en passant par Wenger et Guardiola, ces amoureux du beau jeu ont défrayé la chronique avant de faire parler la poudre, et pour de bon. Wenger et Sacchi avaient l'occasion, dû à la proximité des pays européens entre eux, d'aller voir ce qui se passait ailleurs et de s'en inspirer. Cruijff et ses compères de l'Ajax ont inventé le football total et le piège du hors-jeu, Van Gaal a ensuite pris en main son équipe du Barça , en ayant Mourinho comme adjoint et Guardiola comme joueur. Les connexions se font, et pas d'Anglais à l'horizon. Vous en voulez plus? De l'autre côté de la méditerranée, les noms des illustres entraîneurs pullulent du pont des soupirs à la tour de Pise avec comme "enfants" d' Arrigo Sacchi: Trappatoni, Lippi, Ancelotti, Capello, toujours pas d'Anglais. Justement ce dernier nom, parlons-en. Fabio Capello, nommé entraîneur fédéral de l'Angleterre en 2007, va faire mieux que quiconque avant lui, encore mieux que le Suédois Sven Goran Eriksson, qui avait lui déjà mis tout le monde d'accord sur le fait que les entraîneurs anglais, dû à leur manque d'éducation footballistique mentionné plus haut, n'avaient pas l'étoffe pour contrer les forces des systèmes parfaitement huilés des autres géants. Ces deux entraîneurs étrangers ont un bilan impressionnant de 5/5 en termes de qualifications pour un grand tournoi et 62 % de matchs gagnés, là où leurs homologues anglais affichent un bilan famélique de 4 qualifications sur 6 possibles et 49% de victoires (sur la période 1990-2011). Alors quand Roy Hodgson prend les rennes de l'équipe nationale en 2012, on se demande s'ils ont retenu la leçon où s'ils le font vraiment exprès. Le message est assimilé cinq sur cinq, car Hodgson, malgré le fait qu'il soit en possession d'un passeport à l'effigie de la Couronne, qu'il ait entraîné en Angleterre et que ces détails soient synonymes de chat noir dans ce domaine, a passé une grande partie de sa carrière à bourlinguer de l'Italie à la Suède, en passant par la Suisse, la Finlande la Norvège et en s'octroyant même un petit détour par les Émirats Arabes Unis pour assurer une Bentley et une villa à Malibu pour chacun de ses petits-enfants. La combinaison est parfaite, un anglais parfait, qui a l'expérience, non seulement du pays dans lequel ses ouailles évoluent, mais également d'un savoir approfondi et une expérience rare de la science du terrain.


Le facteur X
"Le seul joueur de classe mondiale que possède l'équipe d'Angleterre est Joe Hart" dixit Kieron Dyer, 33 capes chez les Three Lions et entouré à l'époque par la Golden Generation, composée des Gerrard, Scholes, Beckham, Owen, Terry, Cole, et j'en passe et des meilleurs. Et honnêtement, on a du mal à le contredire sur ce coup. Parce qu'au fond c'est vrai, Rooney, il a beau dire qu'il s'est amélioré malgré le fait que son rôle sur le terrain ait changé et qu'il joue plus dans le cœur du jeu, on n'achète pas, il n'est plus le joueur qu'il était. Kane, Vardy, et Rashford dans une moindre mesure sont certes impressionnants et on a hâte de les voir évoluer hors de leurs prairies pluvieuses, mais ils ont encore ce dernier palier à passer en se frottant aux défenses les plus coriaces du Vieux-Continent. Barkley, Milner, Henderson, Dier, quatre joueurs d'un niveau similaire et moyen. Des fulgurances pourraient éventuellement venir des flancs avec Lallana, en forme cette saison, et peut-être même Sterling, convainquant lors de ses apparitions en matchs amicaux. La défense regorge de backs de talent avec le quatuor Clyne/Walker à droite et Rose/Bertrand à gauche (y en a pas un qui voudrait vite fait se naturaliser Belge par hasard ?). En défense centrale on retrouvera Stones, extrêmement talentueux, et le plus en plus sûr Smalling, qui vont être à coup sûr deux garçons intéressants à voir évoluer, Cahill le vétéran est toujours là au cas où. Wilshere et Sturridge, les deux colosses aux pieds d'argile, apporteront probablement vitesse et percussion en fin de match lorsque les organismes fatigués seront à bout. Non, le vrai joueur frisson, celui qui peut déstabiliser une rencontre sur une inspiration, c'est Bamidele Jermaine Alli, aka Dele Alli. Le jeune milieu créateur des Tottenham Hotspur a été découvert lors d'une déculottée faisant encore rire les plus fervents Scousers. Durant la saison 2014-2015, alors qu'il évoluait encore au MK Dons en D3 anglaise, Alli et compagnie vont étriller le grand Manchester United 4-0, et traceront de manière indélébile une grosse croix rouge sur le CV de Louis Van Gaal. Depuis, Pochettino l'a pris dans ses rangs et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il le lui a bien rendu en enchaînant 10 buts et 12 passes décisives en 45 matchs cette saison. Une présence incessante, il est bon à la récupération et est plus qu'à l'aise dans les petits espaces. D'après les dires de ses coéquipiers et de son coach, il a un mental de guerrier, pas étonnant quand on sait qu'il a toujours voué un culte et a grandi en admirant la légende du football Steven Gerrard. S'il y en a bien un qui peut faire briller l'Hexagone cet été, c'est sans l'ombre d'un doute Dele, 20 ans et 2 mois.


Chasser les démons
La croyance populaire a toujours voulu comme arguments pour excuser la défaite le fait que la Premier League est trop éprouvante, qu'elle est trop concurrentielle et que le combat est rude chaque week-end, qu'en plus de cela viennent s'ajouter les nombreux matchs de Coupe, que donc les joueurs arrivent sur les genoux en juin. L'autre est qu'il y a trop de joueurs étrangers dans le championnat anglais. Et bien de ces deux affirmations, la première est un fait, les joueurs jouent énormément en Angleterre, et ce n'est pas pour nous déplaire!  La deuxième par contre est complètement biaisée. En Premier League, il y a 32% des joueurs qui sont anglais, et grosso modo 70 qui peuvent être titularisés à tout moment. Non seulement sur 70 joueurs, en trouver 23 qui peuvent unir de belles forces est loin d'être impossible, mais en plus ces 70 joueurs se nourrissent au quotidien de cette culture étrangère du football et de cette concurrence positive, ce n'est que pour s'améliorer. Et l'arrivée de tous les stratèges latins qui va déferler sur l'île dès l'été va dans ce sens, dans le sens de la reconnexion définitive au réseau du football intelligent, créatif, novateur. De plus, Alli, Kane et Vardy, trois joueurs qui risquent d'être déterminants, ont moins joué étant donné qu'ils se sont essentiellement concentrés sur le championnat, et donc sont potentiellement plus frais. Ces Trois Lions vont rentrer dans l'arène et se battre jusqu'à la mort pour ramener l'or à la Reine.







Gilles Cincinatis

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